Nous reviendrons
Nous reviendrons dans la lumière
Illuminer la Terre de nos yeux immenses
Nos yeux remplis de questions impensables
Et d'un amour sans fin blessé, jamais mort pourtant
Nous reviendrons danser dans la poussière des crépuscules
Brûler nos âmes à la chaleur des grands feux
Atteindre enfin les rives de l'ivresse
O rivières, ô folies, nous serons encore et toujours
Enfants des soirs de lune et du mystère,
Enfants des plaines affamées, enfants des landes perdues
Des forêts foisonnantes
Nous reviendrons hanter nos cités assoiffées,
Et les rues harassées ou ruissellent
Les peuples et les troupeaux
Nous reviendrons habiter nos demeures
Et seuls nos esprits sauront leurs portes closes et les secrets envolés
O couloirs, ô réduits, inavouables alcôves
Patios d'automne déserts
Nous reviendrons chercher nos bêtes là ou la mer aura gagné
O grasses prairies, steppes acharnées,
Pelages décharnés, larges cornes
Et sabots infatigables, tendres agneaux
Retournés à l'errance et la nuit
Nous reviendrons dans les jardins
Plonger nos bras dessous la terre
Chercher les tubercules et cueillir les fruits mûrs
Briser nos reins à la prairie tenace
Mouiller de sueur les sillons.
Aux aurores de rosée nous avons su
La tendresse des bourgeons
Et la faim lente des limaces
Nous avons su
La beauté et la paix fragile
De nos blés en épi
Soleils, Soleils, ô Ciels ou nos rêves
Ignorent le temps et la contrainte,
Lieux sans repères,
Refuge des oiseaux ou dansent infiniment
Les lignes de nos destins.